Présentation

Créée en 1987 à l'initiative de quelques cousins, l'Association des Lemieux se propose de rassembler ceux qui portent ce patronyme en France, ainsi que leurs alliés et descendants, afin de favoriser des liens entre ces personnes ou avec d'autres associations du même type.

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(article extrait du bulletin "LEMIEUX du Vieux-Pays" n° 31 - 1e semestre 2003) 

 

Sans que nous sachions pourquoi c'est le "bénom" dont on l'affublait, Jules Joseph Lemieux, fils de Narcisse, Gustave, berger qui avait épousé, le 23 février 1863, Osithe, Joséphine, tisserande. Il était né le 3 septembre 1874, dans cette vallée de la Ganzeville qui évoque tant le Val de Saire, au Bec-de-Mortagne dans le département de la Seine qui se contentait alors d'être Inférieure en attendant de devenir Maritime. Il y passera son enfance, une enfance de labeur, sans doute, à cette époque où l'école n'était pas obligatoire et où le travail de tous, même des plus petits, allait de soi. Il apprendra ainsi, "sur le tas", le métier de paysan, ce savoir-faire qui ne s'enseignait pas et qui permettait tout juste de survivre au  pays.

 

Le 7 Octobre 1889, à plus de 25 ans donc, au terme, peut-être, de son interminable service militaire, de retour dans son village natal, il y prit pour épouse Marie-Alphonsine Cavelier. Ensemble, ils exploitèrent une petite ferme au lieu-dit Baigneville ou de l'Ancienne Eglise, dans la commune de Bec-de-Mortagne. De leur union, devaient naître deux garçons, Joseph et Simon et cinq filles, Marie, Lucienne, Cécile, Simone et Jeannette (dont les deux dernières, fort heureusement, ont toujours bon pied, bon œil.

 

Il avait quarante ans quand éclata la première guerre mondiale. Son âge lui permit-il d'échapper à l'ignoble tuerie qui saigna à blanc le monde rural ? Eut-il la chance de ne pas être fauché comme l'un de ces épis qui, après la moisson, se dresse encore dans le champ mis à nu ? Toujours est-il qu'en 1921 il s'installa à Gonfreville-Caillot, sur une exploitation plus vaste et dans une maison assez spacieuse pour accueillir sa petite famille. Est-ce là que fut prise cette photo où il pose en compagnie de Marie-Alphonsine ? A moins que ce ne soit à Saint-Maclou la Brière où il se retirera une quarantaine d'années plus tard?

 

En fait, peu importe ! L'intérêt, c'est de les retrouver tels qu'ils étaient ce jour-là, il y a plus d'un siècle. Ils sont un peu guindés dans leur bel habit du dimanche qu'ils ont revêtu pour l'occasion. Mais quelle occasion ? La photo ne le dit pas mais, à découvrir le visage souriant qui apparaît derrière le fauteuil où est installé Jules Joseph (une de ses filles ? ), il est certain qu'on vient de passer un bon moment en famille. Comme semble le laisser penser la nappe qui traîne sur la chaise, on a dû manger dehors. Il fait si beau ! Alors, on va fixer cet instant de bonheur. Mais, attention, la photographie n'en est qu'à ses débuts ! Les premiers appareils, qu'ils soient boites ou soufflets, ne sont guère performants et les règles de l'art sont strictes. Un minimum de mise en scène s'impose et, surtout, il est impératif d'être face au soleil. Jules Joseph, lui, le fixe les yeux bien droits mais Marie-Alphonsine, la pauvre, elle est obligée de baisser son regard. On les sent un peu tendus et impatients d'entendre : "Attention ! Le petit oiseau va sortir !"

 

 

C'est fait… Le supplice a pris fin et l'instant est fixé. Grâce à cette photo, prise on ne sait où, on ne sait quand, on ne sait pourquoi, nous est parvenue cette miette de la vie de Jules Joseph et de Marie-Alphonsine. Car ce n'est qu'une miette dans cette existence qui s'achèvera en 1963. De cette année-là, l'Histoire retiendra la fin tragique de J.F Kennedy et la mort de Jean XXIII mais pas la disparition de Jules Joseph Lemieux, cet anonyme qui a connu trois républiques et deux conflits mondiaux … qui à été le contemporain de Pasteur, de Pierre et Marie Curie, de Blériot, de Fleming ... qui a vécu les débuts de ces inventions techniques qui devaient bouleverser modes et mœurs … l'électricité, le téléphone, l'automobile, l'avion, la pénicilline … et la photographie, bien sûr, grâce à laquelle son visage ne nous est pas inconnu !

Jacques Lemieux

 

 

Merci à ma cousine Annick qui m'a confié cette photographie et les quelques renseignements qui m'ont permis non pas d’écrire la biographie de Jules Joseph Lemieux mais seulement d'imaginer ce qu'a été ou aurait pu être sa vie.